Les bénéfices secondaires
- Philippe Monchaux
- 29 avr.
- 2 min de lecture

Qu’est-ce qu’un bénéfice secondaire ?
En psychologie, un bénéfice secondaire désigne les avantages psychologiques, sociaux ou relationnels qu’un individu peut inconsciemment tirer de sa maladie ou de son symptôme. Bien qu'il ne soit jamais question de simulation, ces bénéfices peuvent entretenir, aggraver, voire favoriser l’apparition ou la chronicisation d’un trouble.
Ce concept est fréquemment utilisé en psychosomatique, en thérapie systémique, ou encore dans les approches psycho-dynamiques.
À ne pas confondre avec le bénéfice primaire
Bénéfice primaire : soulagement immédiat d’un conflit interne inconscient. Par exemple, un corps qui somatise une angoisse pour éviter un débordement émotionnel.
Bénéfice secondaire : gain indirect ou avantage issu du symptôme. Il peut s'agir d’attention, d’indulgence, d’évitement de responsabilités ou d’un renforcement de son identité à travers la maladie.
Exemples concrets de bénéfices secondaires
Une personne en arrêt maladie reçoit plus d’attention de ses proches.
Un enfant souffrant de douleurs récurrentes évite l’école où il se sent mal intégré.
Un adulte atteint d’un trouble chronique échappe à un travail vécu comme trop stressant.
Une personne malade se sent enfin autorisée à se reposer ou à dire non.
Ces situations montrent que le symptôme peut jouer un rôle de régulateur psychique ou relationnel.
Pourquoi les bénéfices secondaires sont-ils souvent inconscients ?
Les bénéfices secondaires ne sont pas volontairement recherchés. Ils fonctionnent comme des "récompenses cachées" que le psychisme associe au trouble. C’est ce qui les rend parfois difficiles à identifier — et encore plus à remettre en question.
Dans certains cas, lorsqu’un trouble résiste à tous les traitements, une analyse des bénéfices secondaires peut ouvrir une porte thérapeutique majeure.
Quels risques à long terme ?
Bien que les bénéfices secondaires puissent temporairement soulager ou stabiliser une situation, ils comportent plusieurs risques :
Renforcement du symptôme : la maladie devient un moyen durable d’exister ou d’être reconnu.
Entrave à la guérison : inconsciemment, guérir signifierait perdre un "avantage".
Dépendance affective ou sociale : l’identité se construit autour du rôle de "malade" ou de "victime".
Le rôle du thérapeute face aux bénéfices secondaires
Un professionnel formé ne juge pas. Il accompagne avec bienveillance la prise de conscience de ces dynamiques.
L’objectif n’est jamais de culpabiliser, mais de :
Identifier les bénéfices secondaires à l’œuvre.
Restituer du choix et de la liberté intérieure.
Construire de nouvelles stratégies pour répondre aux mêmes besoins (reconnaissance, attention, repos, amour…) sans passer par la maladie.
Comment amorcer le changement ?
Voici quelques pistes thérapeutiques :
Approche systémique : observer le rôle de la maladie dans les dynamiques familiales.
Journal thérapeutique : noter ce que la maladie permet, empêche, ou change dans le quotidien.
Thérapie cognitivo-comportementale (TCC) : repérer les pensées associées aux bénéfices secondaires.
Questionnement socratique ou PNL : explorer les "intentions positives" inconscientes derrière le symptôme.
Conclusion
Comprendre les bénéfices secondaires d’un symptôme ne revient pas à nier la réalité de la souffrance. Au contraire, cela permet d’entendre ce que le corps tente d’exprimer. En travaillant sur ces aspects, il devient possible de retrouver un chemin vers la santé, sans perdre les ressources relationnelles ou affectives que la maladie semblait offrir.
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