top of page

Syndrome du homard en psychologie

  • Photo du rédacteur: Philippe Monchaux
    Philippe Monchaux
  • 28 mars
  • 3 min de lecture

Le syndrome du homard est une métaphore psychologique utilisée pour illustrer les phases de transformation personnelle, souvent douloureuses, mais nécessaires à notre évolution intérieure. Popularisée par le rabbin Dr. Abraham Twerski, cette image s’est largement diffusée dans les milieux de la psychothérapie.

À l’heure où le burn-out, les remises en question existentielles et les crises identitaires sont de plus en plus fréquents, comprendre le sens profond de ce syndrome peut devenir un levier puissant de résilience et de changement.


Dr. Abraham Twerski

Dolto ou la crise comme passage obligé

Françoise Dolto n’a pas directement parlé du syndrome du homard — c’est une métaphore plus contemporaine, popularisée notamment par le Dr Abraham Twerski. Cependant, plusieurs idées fondamentales de Dolto résonnent fortement avec cette image, notamment : Dolto considérait que les crises de croissance psychique sont normales, nécessaires et même structurantes. Cela rejoint l’idée que l’inconfort est le signe qu’un changement est en cours, comme pour le homard.

“La crise n’est pas une maladie, c’est une étape.” Françoise Dolto

Elle a souvent insisté sur le fait que l’enfant n’est pas un adulte miniature, mais un être en construction, qui mue intérieurement à chaque étape de son développement (sevrage, langage, autonomie, adolescence…). Ces "mues psychiques" nécessitent parfois des ruptures douloureuses avec l’état précédent, ce qui rejoint totalement le symbole de la carapace trop étroite. Lorsqu’un être humain « perd sa carapace » symboliquement (dépression, séparation, perte de repères…), il a besoin, selon Dolto, d’un espace d’écoute et de parole, où il puisse être accueilli dans cette phase de flottement, sans être précipité vers une reconstruction artificielle.

Qu’est-ce que le Syndrome du Homard ?

Le homard, comme beaucoup de crustacés, est protégé par une carapace rigide qui ne grandit pas avec lui. Lorsqu’il devient trop à l’étroit dans cette armure, le homard doit se mettre à l’abri, perdre sa carapace, rester vulnérable pendant un temps, puis reconstruire une nouvelle enveloppe plus adaptée à sa taille actuelle.

“La seule manière pour le homard de grandir est de se sentir d’abord très inconfortable.” Dr. Abraham Twerski (psychiatre et spécialiste des addictions)

En psychologie humaine, ce processus fait écho aux étapes de transition, où l’on doit abandonner d’anciens schémas, parfois douloureux mais familiers, pour se reconstruire autrement.

Les symptômes typiques chez le sujet

  • Sentiment d’étouffement dans son quotidien : au travail, en couple, ou dans ses habitudes.

  • Crise existentielle : perte de sens, doute profond sur sa direction de vie.

  • Phase de repli ou de vulnérabilité : besoin de solitude, hypersensibilité, fatigue et agitation émotionnelle.

  • Transformation identitaire : abandon de certains rôles sociaux, croyances ou habitudes obsolètes.

Les applications psychothérapeutiques

En psychothérapie, cette métaphore permet d’accompagner les patients en transition :

  • En normalisant la souffrance liée au changement.

  • En valorisant les étapes de vide ou d’errance comme phases nécessaires.

  • En renforçant le moi (ego) durant les moments de vulnérabilité, sans précipiter la “reconstruction”.

Concepts annexes du syndrome du homard :

  • Zone de confort vs zone de croissance (White, 2009)

  • Résilience (Boris Cyrulnik, 2002)

  • Crise comme opportunité d’évolution (Carl Rogers, 1961)

Pourquoi cette métaphore est-elle si parlante ?

Dans un monde où la performance et la stabilité sont glorifiées, le droit à la mue devient subversif mais vital. Parce qu’elle permet de recontextualiser la douleur psychologique non comme un échec, mais comme un signal biologique d’évolution.

Grandir, c’est parfois perdre sa carapace

Le syndrome du homard est un rappel puissant que l’inconfort est souvent le prélude au changement. Il invite chacun à honorer les phases de vulnérabilité comme autant d’étapes vers une version de soi plus authentique et plus alignée.

Implications pour le développement personnel et professionnel

  • Coaching de transition de vie : reconversion, séparation, parentalité…

  • Accompagnement au changement en entreprise : leadership, mutations internes.

  • Psychothérapie intégrative : pour aider le sujet à accueillir la période de “vide” sans panique.

Références et sources :

  • Twerski, A. (2009). The Rabbi and the Lobster [Conférence vidéo].

  • Rogers, C. (1961). On Becoming a Person. Boston: Houghton Mifflin.

  • Cyrulnik, B. (2002). Un merveilleux malheur. Éditions Odile Jacob.

  • White, R. A. (2009). Beyond Comfort Zones in Multiculturalism. Routledge.

  • Daloz Parks, S. (2000). Big Questions, Worthy Dreams. Jossey-Bass.


“Accepter l’inconfort, c’est honorer notre processus d’évolution.” Ajahn Chah


Posts récents

Voir tout

Comments


Commenting on this post isn't available anymore. Contact the site owner for more info.
bottom of page