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Vice-Versa

  • Photo du rédacteur: Philippe Monchaux
    Philippe Monchaux
  • 12 juil.
  • 3 min de lecture

🎬 Vice-Versa (Inside Out) – Une immersion dans la fabrique des émotions

Sorti en 2015, le film Vice-Versa réalisé par Pete Docter est bien plus qu’un film d’animation pour enfants. C’est une véritable allégorie psychologique du monde intérieur, une métaphore brillante du fonctionnement émotionnel et de la construction du Moi. À travers le personnage de Riley, une fillette de 11 ans confrontée à un déménagement, le spectateur plonge littéralement dans le théâtre psychique de l’enfant.

Une représentation animée du psychisme

Le film se déroule à l’intérieur du cerveau de Riley, où cinq émotions principales — Joie, Tristesse, Colère, Peur, Dégoût — dirigent un centre de contrôle.

Cette personnification des émotions reprend de façon ludique et pédagogique les modèles de base de la psychologie affective, notamment ceux de Paul Ekman, psychologue américain spécialiste des émotions primaires.

Chaque émotion a une fonction adaptative :

  • Joie : générer de l’élan vital, du lien et de la motivation.

  • Tristesse : signaler la perte, susciter la compassion, favoriser le repli temporaire.

  • Colère : poser des limites.

  • Peur : assurer la survie.

  • Dégoût : éviter ce qui est toxique ou inacceptable.

L’illusion d’un contrôle émotionnel

Au début du film, Joie cherche à contrôler toutes les situations, refusant que Tristesse n’intervienne dans la vie de Riley. Cette dynamique traduit un refus psychique de la souffrance, courant chez l’enfant mais aussi chez l’adulte.

Joie incarne alors une forme de dictature de la positivité : une croyance selon laquelle tout doit être agréable, maîtrisé, souriant. Pourtant, cette stratégie mène Riley à un déséquilibre émotionnel, car les autres émotions sont mises à l’écart.

Le rôle fondamental de la Tristesse

Le basculement du film s’opère quand Joie comprend que Tristesse n’est pas l’ennemie, mais une émotion essentielle pour traverser les étapes douloureuses du changement.

En psychologie, cela évoque le processus de deuil, au sens large : deuil de l’enfance, des repères, des identités anciennes. La Tristesse permet à Riley de demander de l’aide, de se relier à ses parents, de se dire en souffrance.

Ce retournement marque une étape de maturation affective : comprendre que vivre pleinement implique d’accueillir toute la palette émotionnelle, et pas uniquement les affects agréables.

Le développement de l’identité et la plasticité des "îles" de personnalité

Les "îles de personnalité" dans le film représentent les grands piliers identitaires de Riley : famille, amitié, honnêteté, sport…

Au fil de l’histoire, certaines s’effondrent et d’autres se reconstruisent, plus complexes. Cela symbolise la plasticité du Moi à l’adolescence, et la nécessité de renégocier ses valeurs, ses repères et ses liens.

Psychologiquement, on peut y lire :

  • Une évolution des schémas internes ;

  • Un passage du Moi enfant au Moi adolescent ;

  • Un effondrement suivi d’une reconstruction plus mature de la personnalité.

Un message fondamental : toutes les émotions sont légitimes

Le message profond du film est l’intégration émotionnelle : apprendre à vivre avec ses émotions, sans chercher à les hiérarchiser ou à les supprimer.

C’est une approche très proche de :

  • La psychologie humaniste : accueillir sans jugement.

  • La pleine conscience : observer les émotions comme des états passagers.

  • La thérapie des schémas : reconnaître la fonction adaptative des émotions refoulées.

En somme, Vice-Versa est une œuvre initiatique, une métaphore brillante de ce qui se joue dans notre psyché. Le film donne une voix aux émotions et rappelle une vérité simple mais oubliée :

"Il n’y a pas d’émotion mauvaise, seulement des émotions mal comprises ou mal accueillies."

Joie ne triomphe pas. Elle apprend à cohabiter avec Tristesse, et c’est dans cette rencontre que naît la résilience émotionnelle.

À méditer :

« Ce n’est pas en refoulant la tristesse que l’on évite la souffrance. C’est en lui donnant une place qu’on peut la traverser. »

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